Sur cette page, nous ne prétendons pas donner de définitions exhaustives des méthodes de rééducation. Nous les présentons et donnons notre avis en tant qu’usagers. Parce qu’à l’époque, nous aurions aimé savoir que nous pouvions remettre en cause l’approche thérapeutique qui nous était proposée !

Pour le moment, nous avons testé les méthodes suivantes :

 

Méthodes Bobath/Le Métayer

chevalier

Nombre des kinés pédiatriques que nous avons rencontrés (ils sont nombreux..) sont bien incapables de nous expliquer la différence entre Bobath et Le Métayer… Ils (« ils » employé au sens large, exception faite des vrais rares spécialistes) semblent pratiquer un mélange des deux alors que les méthodes sont bien distinctes.

Théoriquement, le thérapeute aide l’enfant à vivre une expérience du mouvement « normal ». Ceci afin d’augmenter son répertoire d’expériences sensorimotrices et améliorer la qualité de ses mouvements quotidiens.

En pratique, le succès de cette approche est fortement conditionné par l’implication et le caractère de l’enfant. En ce qui concerne Enora A., elle n’a jamais supporté qu’on la contraigne à exécuter un mouvement d’une manière qu’elle considérait « contre-intuitive ». De 14 à 24 mois, les séances de kiné se résumaient à l’exécution du fameux « chevalier servant » pour apprendre à se mettre debout. Mouvement impossible à réaliser pour elle car elle ne pouvait pas poser son pied à 90° sur le sol. A chaque tentative, on la corrigeait « non, pas comme ça ». Comment un enfant de moins de 2 ans, qui n’aspire qu’à jouer, peut-il supporter d’être repris sans cesse ? Ainsi, deux fois par semaine, pendant 10 mois, Enora était mise en échec systématiquement. Les séances se passaient dans les pleurs et Enora a rapidement perdu confiance en elle. Dans le quotidien, elle ne voulait plus essayer de nouveaux déplacements. « Peux pas » disait-elle. Elle était victime de praticiens qui souhaitaient « réaliser les étapes de développement dans l’ordre ». Tant que ce mouvement ne serait pas acquis, nous ne passerions pas à autre chose. Bref, un échec cuisant en ce qui nous concerne.

Aujourd’hui, nous découvert le contenu de vraies séances Bobath efficaces en … Pologne ! Mais, malgré tout, nous sommes convaincus que cette méthode ne peut être suffisante pour permettre à un enfant de faire des progrès significatifs dans son schéma moteur.

 

Méthode Medek

explication principe Medek

Cette thérapie motrice fut une vraie révélation. La méthode MEDEK (« M » pour Moteur, « K » pour « kinetic) se retrouve également sous le nom de CME (acronyme de Cuevas-Medek-Exercise). Elle a été créée par le kinésithérapeute Ramon Cuevas au Vénézuela dans les années 70. Sa principale motivation est de « provoquer des réponses motrices actives et automatiques » sans prendre en compte « la coopération et la motivation » de l’enfant. Une révolution !

L’idée est d’amener le cerveau à créer une réponse de contrôle postural en contournant les zones lésées du système nerveux. Ceci se fait :

  • en exposant l’enfant à des « challenges progressifs » dans lesquels il devra lutter contre la gravité pour ne pas tomber. Cette acquisition progressive de l’équilibre permet d’apprendre le contrôle vertical de la tête puis du tronc.
  • avec peu ou pas du tout de support (l’objectif étant d’éloigner le maintien le plus possible de la tête pour tendre vers les chevilles, on appelle ça un support « distal »).
  • en pratiquant encore et encore pour que le cerveau enregistre les mouvements.

Le schéma ci-contre tente de donner une idée de l’esprit Medek.

Deux autres aspects se démarquent des approches traditionnelles :

  • La méthode Medek comprend des exercices d’étirement dynamiques intégrés aux exercices fonctionnels. L’efficacité est sans conteste bien meilleure que les étirements statiques Bobath !
  • Une hypertonie des extrémités inférieures (pieds en équin pour Enora) n’empêche pas de stimuler la position debout. Autrement dit, la méthode Medek provoque la position debout chez l’enfant handicapé pour développer le contrôle vertical du tronc.

Lorsqu’Enora a essayé cette méthode à 21 mois, en 6 séances seulement, nous l’avons vue debout quelques secondes pour la première fois. Enora a repris confiance en elle et « osé de petites prises de risques » dans ses déplacements. Cette méthode demande une implication énorme de la part des parents qui se voient enseigner les exercices par le thérapeute pour les refaire à la maison deux fois par jour pendant 45 minutes, 6 jours par semaine. Chronophage ? Certainement mais cela vaut le coup.

Les progrès sont là et visibles dès les premières séances. La vidéo ci-contre explique les fondements théoriques de l’approche, puis, dans une seconde partie, des vidéos (où Enora apparait !) sont présentées.

Les limites de cette méthode sont définies par la taille et le poids de l’enfant car le praticien doit avoir un dos solide et quelques muscles ! A pratiquer le plus tôt possible car après 4 ans, cela devient très compliqué de débuter.

Nous vouons une éternelle reconnaissance à Ester Fink, la thérapeute qui nous a initiés à cette méthode et à l’association « Avance avec Hermance » qui a organisé les sessions à Toulouse. Depuis, le panorama a changé : de plus en plus d’associations organisent des sessions et de nouveaux professionnels se sont formés.

Où pratiquer Medek près de chez vous?

  •  Avec des praticiens Medek français : De plus en plus de thérapeuthes pratiquent Medek en France : Laetitia Wohlfahrt (kiné) en Alsace, Océane Javaux (kiné) et Laure Eve Barnoux (kiné) à Toulouse, Felix de Rozario (kiné), Claire Pérol (kiné) à Rennes, Aleksandra Lasek (kiné), Chloé Verdier (kiné) à Nantes, Antoine Cousin (kiné) en Normandie, Céline Dubois à Lens, Adeline Avril (ergothérapeute) et Elsa Thevenon (ergothérapeute) à Lyon. N’hésitez pas à les contacter, ils sont tous très compétents ! Vous trouverez leurs coordonnées en cliquant sur la carte ci-jointe.
  • Avec des thérapeuthes Medek étrangers : De nombreuses associations se démènent pour inviter les thérapeutes Medek à sublimer le potentiel de nos petits loulous !

Voici une carte de France répertoriant les villes où vous pourrez trouver des sessions Medek régulièrement.

 

L’équithérapie / Hippothérapie

equithérapie

En France, l’apport psychologique de l’activité avec le cheval est davantage exploité que l’aspect moteur. Elle a pourtant un impact significatif sur la fonction motrice (équilibre, coordination, assouplissement, force, tonus du tronc). Nous avons été surpris de découvrir que cette discipline est accessible dès le plus jeune âge ! Enora a commencé à 2 ans. Le but n’est pas d’enseigner l’équitation mais bien de se servir des possibilités qu’offre le cheval pour améliorer les fonctions déficitaires.

La marche du cheval permet une mobilisation ostéo-articulaire douce et répétitive sans lassitude de l’enfant et du thérapeute. Cette répétition de sensations proprioceptives et kinesthésiques inconnues met en place des schémas nouveaux, crée de nouvelles synapses dans le cerveau et diminue le temps de réponse neurologique.

Les bénéfices sont multiples :

  • Le travail au pas sollicite environ 300 muscles chez le cavalier : l’ajustement tonique (environ 1800 ajustements en 30 minutes) exige des séries de contractions/décontractions des muscles agonistes et antagonistes. On est dans la perturbation de la dynamique posturale.
  • Le cheval permet de travailler sur le mouvement de la marche car il amplifie les transfert de poids du corps.
  • La mobilisation du rachis stimule le tonus axial et provoque un redressement du tronc ce qui permet de lutter contre l’hypotonie.
  • La détente musculaire est considérablement améliorée par le pas du cheval : la position assise à califourchon étire les adducteurs spastiques et l’alternance du balancement favorisent la décontraction.
  •  Enfin, concernant l’aspect psychologique, cette activité est valorisante. : le cheval n’attend rien de l’enfant, ne lui demande rien : il est un instructeur calme et non jugeant.

Après seulement une petite dizaine de séances, nous étions d’ores et déjà convaincus que cette activité pourrait être un élément majeur dans la rééducation d’Enora. Nous avions enfin trouvé le moyen de travailler efficacement dans un moment de détente et de plaisir, non contraignant pour Enora. L’impact sur le tonus postural du tronc est évident (les premières fois, elle ne tenait son dos droit que 5 minutes avant de s’affaisser ; aujourd’hui son endurance a nettement augmenté, elle peut rester 45 minutes sur le poney !).

 

Exosquelette Lokomat

Lokomat

Le lokomat est une sorte d’exosquelette fonctionnant sur un tapis roulant. Ce système robotisé offre un mouvement répétitif pour intégrer un bon schéma de marche. Le patient accomplit les exercices en décharge de poids ; le but étant que l’assistance soit de plus en plus réduite.

Ainsi, le Lokomat contribue à une réorganisation progressive du cerveau grâce à des orthèses de marche articulées et robotisées, un système d’allégement dynamique et un logiciel qui enregistre la contribution du patient au cours d’exercices ludiques diffusés sur un écran.

Les bénéfices attendus sont : confiance, motivation, souplesse, puissance musculaire, endurance, résistance à la fatigue, etc…

Le problème ? Il n’y en a qu’un seul en France à usage pédiatrique (à Nice avec une longue liste d’attente…). Nous nous déplaçons donc en Pologne où plusieurs centres de rééducation pluri-disciplinaires en sont équipés.

Après 2 semaines d’utilisation à raison de 45 min par jour, nous avons constaté chez Enora A. un meilleur déroulé de jambes, une plus grande fluidité et rapidité de marche avec son déambulateur.

 

Méthode Habit-ile

Habit-Ile

Habit-Ile signifie « Hand-Arm Bimanual Intensive Therapy Including Lower Extremities ». Cette méthode a été développée par la professeure Yannick Bleyenheuft en Belgique. Elle est basée sur HABIT, une méthode créée aux États-Unis à l’université Columbia qui se concentre uniquement sur les membres supérieurs. HABIT-ILE a une approche plus globale et considère les membres supérieurs, inférieurs ainsi que le tronc.

La méthode se pratique sur des stages intensifs (65h) sur une courte durée (2 semaines) et se base sur une rééducation par le jeu, orientée vers des objectifs fonctionnels et individualisés. Au lieu de chercher à muscler, on transforme des objectifs tels que nouer ses lacets, faire la cuisine, s’habiller, en jeux. 5 objectifs sont fixés entre le thérapeute, l’enfant et les parents avant de commencer le stage et ils sont filmés en début et en fin de thérapie pour mesurer les progrès. L’enfant est stimulé en permanence par 2 ou 3 thérapeutes. L’objectif étant d’obtenir une réponse active de l’enfant 75% du temps, contre une moyenne de 50% en séance classique.

La force de cette thérapie, c’est qu’elle est validée scientifiquement. Il a été montré grâce à des IRM fonctionnels que cela changeait la structure du cerveau sur le plan de la motricité.

Les stages se font selon certains critères d’inclusion :

  • Il y a des tranches d’äge : de 3 à 6, de 6 à 12 ans, de 12 à 18 ans et il commence à s’ouvrir les stages pour les adultes
  • Selon la pathologie : stage pour les diplégies, stage pour les hémiplégies

Pour tous les stages, il faut être capable de saisir des objets légers avec la main atteinte et les soulever de la surface de la table. Les critères d’exclusion sont être atteint d’épilepsie non stabilisée, avoir un déficit cognitif empêchant la compréhension de jeux simples.

Pour suivre les stages du protocole de recherche, il y a certains critères d’exclusion supplémentaires : subir des injections de toxine botulique, une chirurgie, ou suivre une thérapie intensive spécifique dans les 6 mois avant et les 3 mois après le stage (pour ne pas confondre les résultats), le port d’implant ou d’autres objets/appareillages métalliques (non compatibles avec l’évaluation en neuro-imagerie).

Nous avons deux bonnes nouvelles à propos de cette méthode :

  • Pour la première fois, elle est pratiquée en France, à Brest ! Grâce à un partenariat de recherche avec Mme la professeure Yannick Bleyenheurt, de l’université catholique de Louvain, cette thérapie est désormais mise en oeuvre au centre de rééducation Ty Yann via le professeur Sylvain Brochard, chef de service du SSR pédiatrique de Ty Yann à la fondation Ildys et médecin au CHRU. Lisez l’article de presse ici.
  • Les stages proposés en Belgique font partie d’un protocole de recherche et celles proposées à Brest sont prises en. charge par la sécurité sociale. A ce titre, ces thérapies sont gratuites et suivent un protocole défini.
  • Il y a aussi des stages payants en Belgique ce qui permet de les faire sans les évaluations pré et post stages qui sont contraignantes pour ceux qui habitent loin et cela permet d’ouvrir la rééducation à plus d’enfants !

Une vidéo explicative de la thérapie se trouve sur ce lien : https://www.youtube.com/watch?v=ZWxlD2puw54

Zoé et Clet ont suivi cette thérapie en 2022 à Bruxelles dans le processus de recherches et en 2023 à Evenhailles (Flandres) pour Clet. A titre d’exemple, Clet avait les objectifs suivants :

  • Monter seul dans la voiture
  • Monter seul sur son poney
  • Donner à manger seul à son chien
  • Fermer la fermeture éclair de son gilet ou blouson
  • Couper sa viande

 

Plateforme de vibrations Galileo

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Les plates-formes de vibration agissent par génération de contractions musculaires réflexes, basées sur les mécanismes de proprioception.

Les bénéfices s’observent sur le plan du renforcement, de l’équilibre et de la densité osseuse, principalement chez une population à mobilité réduite ou à risque (femmes ménopausées, personnes sédentaires). Les études sur des athlètes sont peu concluantes même si les vibrations semblent exercer un effet intéressant sur la proprioception, ce qui revêt un intérêt dans la rééducation ou la prévention des entorses. Enfin, l’effet « relaxant » de la vibration est utilisé pour le traitement des raideurs musculaires liés à la spasticité.

Il est possible de réaliser des exercices debout, assis, à genoux ou même en appui sur les bras.

Quel appareil choisir ?

motion

Il convient d’introduire une différence importante entre les plates-formes disponibles sur le marché. Il en existe des vibrantes (type Power-Plate®) et des oscillantes (type Galileo®). Les premières ont un mouvement vertical, de haut en bas alors que les secondes ont un mouvement alterné, droite-gauche. Cette dernière reproduit un schéma de mouvement similaire à la démarche humaine. Cette différence est fondamentale et de surcroît, génère une accélération 2 à 3 fois inférieure au niveau de la tête par rapport aux plates-formes vibrantes.

echelle

Chaque machine a des paramètres de mouvement, d’amplitudes et de fréquences différents. Attention aux modèles qui ne proposent pas de stimulation au delà de 10Hz ou 15Hz. Ils n’augurent que peu d’efficacité. En effet, le nombre de contractions réflexes d’étirement par seconde est déterminé par la fréquence d’entraînement ajustable. Par exemple, si une fréquence d’entraînement de 25 hertz est sélectionnée, il se produit 25 cycles de contraction des muscles fléchisseurs et extenseurs par seconde. Une séance d’entraînement de 3 minutes à 25 hertz entraîne donc 4 500 contractions musculaires !

 

Balnéo : Piscine / Spa

On nous a souvent vanté les bienfaits de l’eau. Oui, mais comment faire lorsque l’eau d’une piscine municipale est trop froide et ne fait qu’empirer la spasticité des muscles ?

Lors de notre séjour à Toronto, nous avons pu profiter d’une piscine spécialement chauffée à 33°C pour aider les personnes atteintes de troubles moteurs. A raison de deux fois par semaine, les progrès ont été significatifs ! Les images parlent d’elles-même. Enora A. se sent libre car ses muscles sont détendus. La piscine permet également d’augmenter la capacité pulmonaire de l’enfant et améliore de ce fait les capacités d’élocution.

A Toulouse, Enora A. continue dans un cabinet de kinés équipé d’une piscine chaude.

Spa

La famille de Clet a, quand à elle, profité d’une super promo sur un Spa de nage qui a permis à Clet de passer des centaines, voir des milliers d’heures dans l’eau à 33° depuis ses 2 ans. Les bénéfices ?

  • des muscles détendus grappe à la chaleur et aux buses de massage
  • une nuit plus sereine
  • un meilleur transit
  • une meilleure activation des jambes avec «l’apparition de muscles des mollets »
  • un moment de partage avec les frères et soeurs, les copains ou les parents

A raison de 2 séances par semaine, les progrès sont visibles. C’est là que Clet s’est assis seul sur les escaliers pour la première fois, qu’il a fait « ses premiers pas » portés par l’eau et qu’il y a aussi pris confiance pour ensuite nager dans une piscine.

Faute de SPA, il y a aussi pas mal de cabinets de kinésithérapie équipés d’un espace de balnéothérapie. Une autre astuce est de repérer le créneau « bébés nageurs » à la piscine car ils montent la température de l’eau et donc les baigneurs suivants continuent d’en profiter quelques heures !

Méthode Talk Tools

TalkTools

La thérapie du positionnement oro-facial Talk Tools a été fondée par orthophoniste américaine, Sara Rosenfeld-Johnson, dans le but d’aider les personnes qui rencontrent des difficultés à parler, à positionner leur sphère oro-faciale et à s‘alimenter. Concrètement, les enfants qui ont des soucis de déglutition (fausses routes), de bavage, de réflexes nauséeux, de mastication, de souffle ou de simples défauts de prononciation trouveront un bénéfice à cette méthode.

C’est une méthode ludique, facile à pratiquer par les parents qui s’aideront d’outils spécialement conçus : pailles de différents niveaux de difficulté, brosses de massages buccales et le fameux Z-VIB mais également harmonica, sucettes, bulles, etc…

Enora A. a fait un bilan avec une thérapeute anglaise. 30 minutes lui ont suffit pour mettre en lumière des faiblesses de la sphère buccale que nous ne soupçonnions pas. Après avoir évalué Enora pendant 2 heures, la thérapeute nous a préparé un programme d’exercices pour les 6 prochains mois. 10 minutes par jour suffisent mais il faut s’astreindre à une pratique quotidienne pour obtenir des résultats.

L’association « Agir Contre l’IMC » organise régulièrement des sessions Talk Tools en région parisienne. Espérons qu’il y en aura pleins d’autres pour qu’un maximum de professionnels y soient sensibilisés !

Méthode Tomatis

Le Dr TOMATIS, médecin ORL de la Faculté de Paris a travaillé pendant de nombreuses années en collaboration avec l’Armée de l’Air pour le compte du ministère du Travail afin d’analyser la surdité professionnelle chez les travailleurs des arsenaux militaires. Dans ce contexte, Tomatis a découvert, grâce à des tests audiométriques, que la voix de ces travailleurs n’émettait pas les fréquences lésées par le bruit des réacteurs d’avion. De même, il a constaté que les problèmes vocaux des chanteurs étaient directement liés à leur déficience auditive. Cette constatation a ensuite pris la forme d’une hypothèse de travail importante selon laquelle la voix reproduit uniquement les harmoniques que l’oreille peut entendre. Cette découverte date de 1947 et a été publiée en 1957 à l’Académie des Sciences de Paris sous le nom d’EFFET TOMATIS.

Ainsi, toute modification auditive apporte un changement manifeste dans le mode d’élocution d’une personne. Tomatis en a déduit qu’il est possible de transformer la phonation par une stimulation auditive entretenue en rééduquant les récepteurs de l’oreille. Grâce à une gymnastique des muscles auditifs, la Méthode Tomatis® permet à l’oreille de se libérer des habitudes rythmiques et sonores pour pouvoir enrichir son spectre fréquentiel. La musique est filtrée par un appareil et transmise par un casque à conduction aérienne et osseuse. Les filtres vont mettre l’oreille alternativement « au repos », puis, « en activité » afin de stimuler la fonction d’écoute. Un programme personnalisé inclue de la musique de Mozart très riche en sons harmoniques et des chants grégoriens.

Cette méthode présente l’atout de ne pas rééduquer en se centrant sur le produit même des difficultés de l’enfant, ce qui mène bien souvent à une baisse de l’estime de soi et une perte de toute motivation (c’est le cas d’Enora lors des séances d’orthophonie !). La méthode agit inconsciemment.

Tomatis

Pour Enora, nous attendions des effets sur la parole, sur l’hyper-sensibilité aux bruits et pourquoi pas sur la coordination motrice (en agissant sur le vestibule gérant les mécanismes de l’équilibration et de la latéralité). Comment ? Pendant un mois, nous avons fait écouter la musique Tomatis de manière quotidienne en augmentant progressivement la durée (de 20 minutes à 1h30). Au début, en l’assortissant de l’autorisation de jouer sur l’IPad (phase d’acclimatation) puis dans la voiture et dans la poussette.

Les résultats ont été visibles au bout d’une semaine ! Alors que, depuis 9 mois, elle ne prononçait que la dernière syllabe des mots (« teau » pour « gâteau », « dos » pour « sac à dos »), nous avons vu apparaitre les premières syllabes : « gâteau » est devenu « â-teau », « sac à dos » : « sac – dos ».

Au bout de 15 jours, des constructions de 3 mots sont apparues : « jus pour moi », « maman, autre train », « j’adore ça ». Enora imite plus facilement le bruit des animaux.

Après 3-4 semaines, introduction de verbes et tentatives de phrases : « bébé boit b(ibe)ron » ! Et nous surprenons régulièrement Enora a parler lorsqu’elle joue avec ses playmobils (alors qu’avant elle jouait en silence).

Bilan très positif : Enora a une meilleure fluidité dans la parole et cela se traduit par une oralisation plus complexe qu’auparavant. Nous avons également noté une diminution de l’hypersensibilité aux bruits (le coiffeur a réussi à lui sécher les cheveux au sèche-cheveux : un exploit !). Bien sûr, il reste encore beaucoup à faire car Enora contracte la majeur partie des mots en omettant des syllabes.

Pour cela, nous avons fait une seconde session Tomatis ! Le programme à écouter était cette fois-ci basé sur la bande de fréquence particulière à la langue française.

Parmi les progrès notés : beaucoup de mots se complètent petit à petit (« par terre » était prononcé « p-erre» et est devenu « par perre», « fromage » était prononcé « ma » et est devenu « fro-ma », etc…), des phrases de 4 mots sont de plus en plus fréquentes, et nous avons entendu Enora chantonner sa première comptine (bateau sur l’eau) !

Les échanges avec elle sont de plus en plus riches. Pour preuve, le récit de notre dernière négociation :

– « Ok, mais tu en prends un petit peu »

– « Non, un grand peu! »

L’Education Conductive

Andréas Petö, médecin hongrois, a été le premier à considérer le handicap comme un défi éducatif et non comme un problème biologique ou physique. Animé d’une philosophie très humaniste, il a créé une méthode appelée « l’Education Conductive ». Celle-ci se base sur le fait que c’est au travers des activités de la vie quotidienne que l’enfant apprend les schémas moteurs.

accroupie assise

La méthode est aujourd’hui reconnue dans de nombreux pays. En France, 60 ans après sa création, les premiers stages d’éducation conductive ont vus le jour. La première école a ouvert ses portes en 2009 et depuis des familles ne cessent de se battre pour en ouvrir d’autres… Aujourd’hui, 7 établissements français pratiquent l’Education Conductive :

  • Honorine Lève-Toi/CEC Bayeux,
  • EHM Pouilly Sur Loire,
  • AFPEC Laval,
  • SEIMC Maucomble,
  • CEC du Gard Clarensac,
  • La Maison Escargot Plédéliac
  • Le CEC d’Aquitaine Marcheprime

Ils sont représentés par la FEPEC (Fédération des Établissements Privés d’Éducation Conductive).

Clet_EC

Comme son nom l’indique, cette méthode est aussi une « éducation » pour les aidants puisque les enfants sont accompagnés d’un parent pendant les séances qui se font en groupe d’âge et de niveau. De plus, la classe est utilisée comme une émulation. Les enfants sont considérés dans leur ensemble. Contrairement, aux thérapies classiques qui se focalisent souvent sur une partie du corps, ici, tout est travaillé : le physique bien sûr, mais aussi la parole (par le chant !), le cognitif par des travaux manuels. Les enfants sont stimulés par des jeux, de bulles de savon, des comptines, des chants ! Une routine est établie et les gestes sont répétés de nombreuses fois par jour en les associant souvent à une chanson ou à une même phrase pour générer chez l’enfant un automatisme (réflexe de Pavlov).

Enora T. a fait sa première semaine d’Education Conductive en juin 2017 à la Maison Escargot. Et elle était ravie ! Temps collectifs, ateliers sur les tables Petö (avec des étirements par le jeu), déjeuner, ostéopathie, bibliothèque et musicothérapie. Des journées bien remplies ! Enora a beaucoup travaillé le 4 pattes et la position accroupie mais surtout… elle a appris à tenir assise seule sur une chaise ! De l’avis de sa maman, c’est une combinaison parfaite que de pratiquer l’Education Conductive et la méthode Medek.

Autre témoignage, celui de Clet. Il a commencé l’Education Conductive à l’âge de 2 ans, il a fait de nombreux séjours à EHM et à la maison Escargot. Clet y a acquis le quatre-pattes, la propreté, la marche avec un pousse-pousse, les assis-debout …

Méthode Vojta

Cette méthode repose sur trois notions :

  • Les chaines musculaires : Les muscles étant en relation les uns avec les autres, tout mouvement localisé se diffuse à travers le corps selon un trajet défini.
  • La locomotion réflexe : elle est déclenchée à partir de pressions appliquées sur des zones spécifiques. Cela provoque des schémas globaux et innés (réflexes) comme le ramper et le retournement.
  • Le frayage : Il s’agit du fait de maintenir les pressions mentionnées ci-dessus. Le kinésithérapeute « transforme » un mouvement normalement transitoire en un mouvement maintenu pour que la contraction musculaire persiste. Ainsi, le cerveau peut recruter plus de neurones, plus longtemps et de façon plus adaptée.

En pratique : le praticien manipule l’enfant en pressant des points précis du corps dans une direction déterminée. La pression est maintenue ainsi qu’une position du corps pendant une durée donnée (quelques minutes), puis le même exercice est effectué en symétrie. Progressivement, l’enfant répond à la pression en initiant un mouvement ; les premiers muscles sollicités sont ceux du dos et les abdominaux. Cette gymnastique est active, c’est-à-dire qu’elle demande la contribution de l’enfant autant que son âge et son tonus musculaire le lui permettent.

En ce qui nous concerne, Enora « répond » avec la kiné mais reste totalement passive avec nous lorsque nous tentons de reproduire les exercices à la maison. Il nous est donc difficile de vous donner notre opinion sur cette méthode car nous ne parvenons pas à la pratiquer de manière assidue. Nous la mentionnons tout de même car de nombreuses familles en louent les bénéfices.

Méthode de l’intégration des réflexes primitifs

Les réflexes primaires (ou archaïques) sont des mouvements automatiques involontaires, caractéristiques des nourrissons. Ils sont systématiquement recherchés par le pédiatre lors du premier examen médical car ce sont les bases du système nerveux et du tonus musculaire. Ces réflexes primaires sont essentiellement contrôlés par le tronc cérébral.

Au cours de la première année de vie, ils sont inhibés et remplacés par des réflexes posturaux grâce au contrôle volontaire des mouvements (c’est le signe que la myélinisation a atteint le cortex cérébral). Cette transition est révélatrice de la maturité neurologique.

Un trouble de développement ou une lésion au niveau du système nerveux (ex : paralysie cérébrale, traumatisme crânien, AVC, etc…) peut entraîner la persistance ou la ré-émergence des réflexes primaires provoquant ainsi la perturbation de l’acquisition du contrôle moteur, du développement neuro-sensoriel et des réactions posturales. Ceci se traduit par des troubles de l’acquisition de divers apprentissages : motricité bien sûr mais également parole, maturité émotionnelle, attention et concentration.

Cette thérapie propose des exercices inhibiteurs des réflexes primaires persistants.

Nous avons été initiés par les thérapeutes de l‘institut Devenir grâce à l’association Dominique : Une équipe d’une grande humanité.

Cette méthode ne nous a pas apporté de réels progrès sur le plan de la motricité mais elle nous a ouvert les yeux sur la personnalité d’Enora. Ce que nous croyions être lié et ancré dans le caractère résulte en fait de ces réflexes primaires persistants.

Un exemple ? Le réflexe de Moro, parfois appelé le réflexe de sursaut infantile.

Il est une réponse automatique à un changement soudain de stimulus sensoriel : une lumière vive, un changement de position, de température, un bruit fort, un contact intense, etc… peuvent déclencher le réflexe de Moro (l’enfant écarte les deux bras symétriquement en prenant une vive inspiration, puis se recroqueville, et se met à pleurer).

Les conséquences d’une mauvaise intégration sont :

  • Hypersensibilité
  • Manque de maturité émotionnelle et relationnelle
  • Manque de concentration
  • Anxiété
  • Déteste le changement ou l’effet de surprise
  • Besoin de contrôler les situations
  • Timidité
L’hypersensibilité d’Enora (aux bruits, aux émotions, au toucher, …) pourrait donc s’expliquer ?! et diminuer si l’on pratique le programme qui a été établi pour Enora. La plupart des exercices consistent en des massages, mouvements corporels ou des pressions isométriques (contre résistance), très spécifiques, effectués lentement.

Méthode Dévény

Nous n’avons pas testé directement cette méthode mais plusieurs familles nous ont rapporté son efficacité sur les enfants spastiques.

La physiothérapeute Anna Dévény a développé cette méthode de soins à partir de 1976. La Méthode Dévény (prononcez Déveigne) est aussi appelée DSGM (pour Dévény Special Manual Technique and Gimnastic Method). Elle consiste à enlever les contractures (raccourcissement du muscle en réponse au stress hypertonique continué comme la spasticité) afin de rétablir l’état originaire du système musculaire, des ligaments et des tissus. Elle corrige ainsi les positions incorrectes (pathologiques) du corps.

En effet, supprimer les contractures est la condition fondamentale pour pouvoir corriger le mouvement car avec des muscles et des tendons contractés, il est impossible d’effectuer un mouvement normal. Les praticiens Dévény considèrent que l’exercice actif et la mobilisation passive (méthode Bobath) ne suffisent pas à surmonter les contractures.

Ne vous méprenez pas ! La méthode Dévény n’est pas une simple technique de massage. En effet, contrairement au massage où le corps est dans une position détendue, avec la méthode Dévény, les muscles et les tendons sont traités dans une position étirée ou en mouvement. Les exercices sont assez impressionnants.

L’idéal est de faire des séances très régulièrement mais il est difficile de trouver un thérapeute Dévény en dehors de la Hongrie (à Budapest: email hidden; JavaScript is required). Ainsi, certaines familles invitent les praticiens ou font des séjours en Hongrie pour des sessions intensives. Ensuite, les parents doivent reproduisent des exercices (simplifiés) à la maison.

Les résultats s’observent au niveau du maintien (colonne vertébrale), des yeux pour le strabisme, de la préhension des mains et même de la mastication.

Motricité fine et Ipad

Nous qui étions contre les écrans avant 3 ans… Ne jamais dire « fontaine, je ne boirai pas de ton eau »!

Vers l’âge de 2 ans et demi, nous avons découvert les potentialités que peut nous offrir l’Ipad (ou autre tablette). Il existe tout un arsenal d’applications éducatives qui permettent à l’enfant de travailler la motricité fine mais également les pré-requis pour l’entrée à l’école maternelle (formes, couleurs, tailles, émotions, discrimination visuelle, etc…).

Nos applications préférées sont celles-ci : Ci-contre, une vidéo d’Enora A. en plein travail (mais elle n’aime pas les loups !)

Les orthophonistes sont de plus en plus nombreux à utiliser les tablettes et beaucoup de sites web recensent les applications dédiées ; en voici quelques uns :

  • Commission scolaire de Montréal : applications pour les enfants ayants des besoins particuliers
  • Une liste exhaustive dans cet article consacré à l’orthophonie
  • Article également sur « le blog de Za « , une jeune ergothérapeute également bien renseignée sur les méthodes de communication alternatives.