Hypersensibilité
Les enfants atteints de paralysie cérébrale ont souvent des difficultés à gérer leurs émotions.
Enora A. est une petite fille souriante et câline qui respire la joie de vivre. Mais elle est hypersensible. Et alors ? Lisez plutôt pour comprendre…
Hypersensibilité, quésako?
Difficile de comprendre la dimension du problème lorsqu’on lit ce mot. Même lorsque l’on tente de l’expliquer à nos proches, ils ne mesurent pas forcément le désarroi engendré. Il faut y être confronté pour réaliser… C’est parfois aussi difficile à gérer que le handicap moteur… Mais petit à petit, nous trouvons les clefs pour décrypter ce comportement et adapter nos réactions !
L’hypersensibilité n’est pas synonyme de troubles sensoriels (comme dans les troubles du spectre autistique) mais plutôt d’un traitement sensoriel très élaboré. Il peut être extrêmement déconcertant d’y être confronté.
Outre-atlantique, les enfants hypersensibles sont qualifiés d’enfants aux besoins intenses. Voici pourquoi :
Pour illustrer : il manque à Enora un filtre pour interpréter son environnement. Elle réagit à tous les stimuli, puissance 10.
Elle maîtrise difficilement ses émotions. Elle a facilement les larmes aux yeux et passe rapidement du rire aux larmes. La tristesse, la joie, la colère ou le sentiment d’injustice peuvent prendre chez elle des proportions démesurées et son entourage peut avoir du mal à comprendre ces débordements.
Dans le quotidien, elle est perturbée et affectée par tous les conflits et les tensions qui l’entourent, même si elle n’est pas responsable ni concernée. Par exemple, si un autre enfant se fait gronder ou punir, elle va se mettre à pleurer. La cohabitation avec des petits de 2 ans est donc très difficile car ils ont pour habitude de découvrir le monde et transgresser les limites… alors que, elle, chose incroyable, n’a fait jamais de bêtises… (si si !).
Mais surtout, le plus problématique pour elle est son rejet viscéral de la méchanceté et de l’injustice. C’est plutôt bien nous direz-vous ? Et bien non, parce que poussé à l’extrême, cela signifie qu’elle est terrorisée à la simple évocation d’un « méchant » dans une histoire (et ne parlons pas des contes !). Lorsqu’elle était petite, elle était en larmes lorsque Tchoupi perdait son doudou… Pour les mêmes raisons, elle est incapable de regarder un film ou dessin animé de type « long métrage » (Pixar ou Disney sont de trop gros défis pour le moment).
Comment expliquer tout cela ? Elle imagine (et amplifie) ce que les autres ressentent (une sorte d’empathie démesurée). Cela la fragilise beaucoup parce qu’elle est envahie par trop de sentiments et d’émotions. Des états de panique et des crises de larmes sont autant de façons de décharger toutes ces émotions trop fortes. Pas toujours simple à gérer…
Définition de l’hypersensibilité dans la bouche d’un enfant :
“Ça veut dire que, quand quelqu’un dit quelque chose un tout petit peu pas gentil, ça fait facilement très très mal. »
Au-delà des émotions, tous ses sens sont en éveil :
- Elle est souvent gênée par le bruit et les cris qui agressent ses oreilles trop sensibles, et l’empêchent de se concentrer ou de penser.
- Le contact de miettes ou saletés sur sa peau lui est très désagréable.
- Elle ne supporte pas d’être bousculée par d’autres enfants et se sent facilement agressée
Il a fallu attendre ses 5 ans pour pouvoir :
- Passer l’aspirateur dans la même pièce qu’elle (aujourd’hui, même si elle arrive à le gérer, c’est un évènement qui la stresse +++).
- Accepter de mettre un pansement sur sa peau.
- Monter dans un manège. La musique, les lumières, la vitesse et la foule étaient trop d’éléments à gérer. Auparavant, chaque tentative se soldait par une crise de panique impressionnante (même si elle en avait très envie à l’origine).
Les moments de temps calme lui sont donc indispensables pour pouvoir recharger ses batteries. C’est pourquoi elle a longtemps eu besoin de se reposer quotidiennement 30 min après la cantine à l’école même si elle n’a pas besoin de dormir.
Autre caractéristique, un perfectionnisme poussé à l’extrême qui provoque des réactions intenses face à l’erreur ou l’échec. Enora en fait les frais à l’école car elle préfère ne pas essayer plutôt que de se tromper. Nous encourageons donc ses efforts et prises de risques plus que ses résultats pour tenter de dédramatiser les erreurs.
Pour plus d’informations sur le sujet, n’hésitez pas à lire ces articles extrêmement bien faits !
http://apprendreaeduquer.fr/4-caracteristiques-des-enfants-hypersensibles
De même, l’article suivant illustre parfaitement les conséquences de l’hypersensibilité sur la scolarité d’un enfant :
https://apprendre-reviser-memoriser.fr/difficultes-enfants-hypersensibles-ecole/
Que faire ?
Pas forcément facile pour les parents non-avertis de garder leur calme car ils se sentent souvent impuissants face aux réactions de leurs enfants hypersensibles qui semblent extrêmes et disproportionnées.
On pourrait penser qu’il suffit d’être ferme avec l’enfant pour qu’il apprenne à se maitriser ou se contenir, mais le brusquer ne sert à rien, bien au contraire, cela le stresse encore plus. Il ne faut pas tenter de « désensibiliser » l’enfant mais au contraire lui apprendre à identifier ses émotions. Même si l’intention de départ est de le préparer à un monde dur. De même, il faut éviter de trop le couver car il doit apprendre à avoir confiance en lui. Accompagner Enora au quotidien consiste à jouer au funambule. Il faut respecter ses peurs mais éviter de trop la consoler ou de trop la surprotéger pour ne pas lui renvoyer le message qu’elle a raison d’avoir peur.
Vous comprendrez ainsi pourquoi les enfants hypersensibles gagnent à vivre dans un environnement extrêmement bienveillant. Ils gagnent encore plus de bénéfices que les autres à recevoir une éducation bienveillante (de la part de leurs parents et des enseignants qu’ils rencontrent au cours de leur scolarité).
Depuis ses 3 ans, une psychologue aide Enora à gérer ses émotions débordantes et à trouver le comportement adéquat. Nous vous conseillons de rechercher une psychologue comportementale qui sait dénouer les situations de manière ludique. La nôtre réussit à faire passer plein de messages en jouant aux Playmobils ! L’aspect ludique est important pour créer un lien de confiance avec les enfants.
Hypnose ne signifie pas forcément état de conscience modifié. Avec les enfants, les thérapeutes ont souvent recours à des récits métaphoriques, des techniques hypnotiques qui permettent à l’inconscient de comprendre un message indirect qui lui est adressé. L’hypnose s’appuie sur l’imagination, or, chacun sait qu’en la matière, les enfants savent être tour à tour dragon, princesse ou chevalier et ont intacte en eux la magie « du comme si ».
Lorsqu’ils sont mis en confiance, les enfants opposent généralement moins de résistances que les adultes, ce qui fait de l’hypnose un outil très intéressant. Encore faut-il trouver le praticien pertinent…
Depuis l’age de 6 ans et demi, Enora en consulte un qui a lui permis de réaliser de vrais progrès dans la gestion de ses émotions : plus de peur panique d’échouer ses devoirs avant même de les avoir commencés, accepte d’utiliser une brosse à dent électrique, accepte d’avoir de l’eau sur le visage sous la douche, etc…
A lire ici: https://www.magicmaman.com/hypnose-therapeutique-enfants-difficultes,3542223.aspPlus qu’un défaut, une qualité !
En donnant les outils à nos enfants pour apprivoiser cette intelligence émotionnelle très développée, nous en feront des adultes subtils, francs, attentifs aux autres, créatifs, authentiques et avec des valeurs morales solides et le goût du travail bien fait.
L’idée est de les aider à transformer plus tard cette hypersensibilité en force. Une force qu’ils pourront mettre à profit dans n’importe quel domaine.