La spasticité engendre des douleurs, contractures, déformations osseuses et rétractions tendineuses particulièrement critiques lors des périodes de croissance. On ne le dira jamais assez, le meilleur remède reste l’activité physique pour de multiples raisons : renforcement musculaire des muscles agonistes, étirements, mobilisation des articulations, etc… Mais il existe d’autres approches complémentaires pour minimiser les effets de la spasticité.

Avant toute chose, voici quelques définitions :

  • Un muscle antagoniste : Lors d’un mouvement, le muscle agoniste est le muscle principal sollicité pour son exécution ; le muscle antagoniste est au repos pendant que le muscle agoniste travaille. De plus, le muscle antagoniste est étiré quand le muscle agoniste est contracté et inversement.
  • La spasticité : Un muscle spastique est en état de contraction permanente et ne se relâche jamais. D’où les difficultés lorsque le muscle antagoniste sensé être au repos est spastique…
  • Une contracture : Une douleur musculaire qui se maintient même au repos est souvent le signe d’une contracture musculaire. Quand vous touchez le muscle concerné, il est dur et enraidi. De mauvaises postures engendrées par la spasticité et les faiblesses musculaires en sont souvent à l’orgine.
  • Une rétraction musculotendineuse : Elle concerne l’enraidissement des articulations par la rétraction (rétrécissement) des ligaments, tendons et muscles. On fait le diagnostic en observant l’amplitude maximum de l’articulation. La rétraction est irréversible lorsqu’elle est installée à moins d’une intervention chirurgicale.
Ci-après sont répertoriées les différentes approches pour limiter la spasticité. Rien de miraculeux mais certaines de ces idées dans une hygiène de vie quotidienne et rigoureuse permettront d’en limiter les conséquences néfastes.

Etirements

L’objectif principal des étirements est de limiter les enraidissements articulaires engendrés par la spasticité, de conserver de bonnes amplitudes et d’empêcher la survenue de rétractions musculaires ayant des conséquences négatives pour la mobilité, la marche ou les déplacements.

Sont-ils efficaces ? Certaines études scientifiques concluent que le bénéfice est limité et ne justifie donc pas que les séances de kiné soient massivement constituées de temps d’étirement.

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Notre constat à nous est le suivant :

  • Les étirements passifs réalisés par un tiers en position allongée, tels que pratiqués par les kinésithérapeutes français, ont effectivement un effet peu significatif et limité dans le temps.
  • Les étirements passifs en position debout se révèlent plus efficaces car ils bénéficient de l’aide de la gravité (debout sur un plan incliné ou les mains au sol jambes tendues).
  • Les étirements passifs en position allongée avec des attelles de nuit jouent sur la durée d’exposition. Ils permettent de préserver les amplitudes mais sont difficilement supportées par les enfants.
  • Les étirements actifs sont à privilégier en mettant l’accent sur la polyvalence : certains exercices Medek sont particulièrement indiqués pour cela mais l’exercice physique d’une manière générale permet d’étirer certains groupes musculaires.

Dans tous les cas, ces exercices doivent être quotidiens ou pratiqués très régulièrement (3 fois par semaine minimum). Notre recommandation est de ne pas les négliger surtout pendant les périodes de forte croissance. Attention, ils sont nécessaires mais pas suffisants !

La combinaison Exopulse Mollii

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La Combinaison Mollii permet aux enfants et adultes atteints d’une IMC, dystonie, athétose, ou victimes des suites d’un AVC de réduire la spasticité grâce à un message envoyé au cerveau par les 58 électrodes cousus dans la combinaison visant à rééquilibrer le principe musculaire de l’inhibition réciproque.

Elle est commercialisée par la société « Ottobock« .

De réels témoignages enthousiastes émanent de certaines familles qui relatent un soulagement combiné de la dystonie en plus de la spasticité. Mais l’efficacité n’est pas systématique. Enora A. l’a par exemple essayée sans effets notables probants à l’âge de 11 ans. Clet, lorsqu’il avait 2 ans et demi, l’a portée 1h / jour, plusieurs fois par semaine. Les effets étaient incontestables sur le positionnement de ses pieds et sur ses douleurs musculaires. Cependant, cela nécessite de réaliser une opération d’habillage / déshabillage avec un enfant, qui, par définition, n’est pas très participatif / coopératif. C’est la raison pour laquelle les parents de Clet se sont orientés vers d’autres solutions.

Les inconvénients de cette combinaison sont en effet la difficulté à enfiler le costume et le prix.

Injections de Botox

La Toxine Butolique a d’autres applications que la réduction des rides du visage. Et oui !

Lorsqu’elle est injectée dans un muscle, elle se lie à des terminaisons nerveuses, et les paralyse. Avec le temps, la neurotransmission reprend une fois que de nouvelles terminaisons nerveuses se développent et reforment des contacts avec les fibres musculaires. L’effet dure trois à six mois. La relaxation que le Botox apporte crée une fenêtre pendant laquelle les muscles peuvent croître et être étirés pour ainsi augmenter leur mobilité.

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Les lieux d’injection doivent être savamment sélectionnés pour ne pas affaiblir l’enfant mais pour, au contraire, libérer ses mouvements. Ainsi, pour optimiser l’efficacité de l’intervention, une « analyse de la marche » (gait analysis) est souvent proposée pour mieux identifier les muscles spastiques.

Il s’agit d’une capture vidéo du patient instrumenté de mires réfléchissantes pour examiner son déplacement avec ou sans aide (cannes, déambulateur, …). Cela permet de voir à quels moments se produisent des anomalies pendant la marche et quelles en sont les causes. Il est très utilisé chez l’enfant IMC pour aider à prévoir les sites d’injection de toxine botulique (Botox), ou bien pour faire un bilan pré opératoire et post opératoire. En effet, une analyse de la marche peut influer grandement sur les recommendations chirurgicales : Cet article souligne le fait que les préconisations des chirurgiens ne sont pas les mêmes avant et après une analyse de la marche!

Bacloféne (Lioresal)

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Le baclofène (Lioresal) a des propriétés myorelaxantes (il décontracte les muscles) et antispasmodiques (il lutte contre les spasmes musculaires). Il entraîne donc une diminution du tonus musculaire et des réflexes pathologiques importants dans la spasticité. les réflexes moteurs induisant les contractions musculaires involontaires sont ainsi stoppés. Etant un myorelaxant à action centrale, le baclofène n’affecte pas la transmission du stimulus neuromusculaire :.

Ce traitement peut être administré de deux manières différentes :

  • Par voie générale : sous forme de comprimés à avaler. Ce type de traitement doit être surveillé après son instauration afin d’adapter les doses et surveiller les effets secondaires éventuels (de la somnolence entre autres) – peuvent toutefois survenir et empêcher d’augmenter les doses des médicaments.
  • pompe

  • La pompe à Baclofène : C’est un appareil programmable qui administre en continu le médicament sous forme liquide directement dans le liquide céphalo-rachidien qui entoure la moelle épinière. Ce mode d’administration serait plus efficace et sans les effets secondaires liés au traitement oral car les doses sont plus petites grâce à l’action locale. Les inconvénients ? Outre les risques d’infection liés à toute intervention chirurgicale, la pompe, un disque de métal d’un peu moins de 10 cm de diamètre, est posée sous la peau de l’abdomen lors d’une intervention chirurgicale. Sur le corps frêle de nos enfants, cela ne passe pas inaperçu et demande une petite acclimatation psychologique….